
Je publie aujourd’hui la traduction d’un article déjà ancien de Coral (2013). Il date plus ou moins de l’époque où j’ai, à la fois, découvert le concept de polyamour et compris, grâce à Coral, les dégâts que fait l’amour romantique sur nos relations.
Coral l’a écrit dans un contexte espagnol, puisqu’elle est de ce pays, et latino-américain car elle habite au Costa Rica. Mais, même si les exemples ou les contextes qu’elle présente s’y rattachent, l’ensemble de l’article peut s’appliquer partout.
En France, et dans d’autres pays francophones, il est beaucoup question de Pervers Narcissiques et jamais d’Amour Romantique. C’est le psychanalyste français Paul-Claude Racamier qui a parlé le premier de « perversion narcissique ». Le concept a été repris ensuite par le psychiatre et psychanalyste Alberto Eiguer, spécialiste du couple et de la famille, auteur de Le pervers narcissique et son complice, publié en 2004. Je me suis souvent interrogée, et je continue à le faire, à ce sujet. J’ai été perplexe, lorsqu’en mars dernier, j’ai assisté à un colloque au Sénat, sur le harcèlement moral dans la vie privée, où il était question de violences conjugales et le sujet principal semblait être les PN. Comme si c’était la seule réponse à une situation globale, qui touche une grande majorité de femmes.
Je ressens cela comme un écran de fumée qui empêche de voir clairement d’autres éléments présents dans notre société patriarcale, comme le machisme et l’amour romantique — dont parle Coral depuis bientôt 10 ans — qui sont responsables de violences contre les femmes.
En Espagne, les publications, ateliers, conférences et événements autour de l’amour romantique sont très fréquents, souvent maintenant aussi au niveau institutionnel (mairies, système scolaire, gouvernements autonomes…), tout comme les manifestations féministes, avec 5 millions de femmes dans les rues pour le 8 mars 2018, les récentes protestations contre la sentence de la « manada ».
https://haikita.blogspot.com/2012/11/la-violencia-de-genero-y-el-amor.html
Traduction : Elisende Coladan
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L’amour romantique est l’instrument le plus puissant qu’il soit pour contrôler et soumettre les femmes, particulièrement dans les pays où elles sont des citoyennes à part entière et où elles ne sont pas, légalement, la propriété d’un homme. Ils sont nombreux à savoir mélanger la tendresse avec la maltraitance et provoquer ainsi une dépendance. Ils utilisent à loisir le binôme maltraitance/bienveillance pour énamourer à la folie et ainsi pouvoir dominer.
Kalimán, un proxénète mexicain qui explique comment il arrive à prostituer ses femmes, en est un bon exemple : il choisit les plus pauvres et celles qui sont le plus dans le besoin, de préférence celles qui souhaitent sortir d’un enfer familial, ou celles qui ont grandement besoin de tendresse parce qu’elles se sentent isolées socialement. Les autres macs suivent son scénario pas à pas : d’abord donner beaucoup d’amour, offrir beaucoup d’attention et de cadeaux pendant deux mois, en lui faisant croire qu’elle est la femme de sa vie et qu’elle aura toujours de l’argent pour se sentir comblée. Puis, il la laisse quelques jours dans un bordel, avec d’autres filles, en guise de « thérapie ». Si elle se révolte, si elle résiste, si elle se fâche, il la laisse toute seule. Il ne demande jamais pardon. Il la laisse souffrir jusqu’à ce qu’elle tombe à genoux. Le macho doit se maintenir droit, montrer du mépris, l’abandonner dans ses moments de plus grande colère et ne jamais croire aux larmes de sa femme. Avec cette technique, ils ont la certitude qu’elles accepteront ce qu’ils voudront et qu’elles feront le trottoir. La grande majorité ne sait pas où aller et, selon eux, une fois qu’elles goûtent au luxe, elles ne veulent plus retourner à la pauvreté.
Ce récit horrible est très fréquent un peu partout dans le monde. Non seulement de la part de proxénètes et de macs, mais aussi de la part de bien des amoureux ou des maris qui traitent les femmes comme des animaux sauvages qu’il faudrait dompter pour qu’elles soient fidèles, soumises et obéissantes. Beaucoup continuent à penser que les femmes sont nées pour les servir et pour les aimer. Et beaucoup de femmes le croient également.
« Par amour », bien des femmes acceptent des situations de maltraitance, d’abus et d’exploitation. « Par amour », elles s’accrochent à des mecs horribles qui au départ avaient l’air de princes charmants, mais qui, par la suite, les trompent, les arnaquent, profitent d’elles ou vivent à leurs crochets. « Par amour », elles supportent insultes, violences et mépris. Elles sont capables de s’humilier « par amour » et de revendiquer tout ce qu’elles font « par amour ». « Par amour », elles se sacrifient, elles se dévalorisent, elles perdent leur liberté, elles perdent leurs réseaux sociaux et affectifs. « Par amour », elles oublient leurs rêves et leurs objectifs, « par amour », elles entrent en compétition avec d’autres femmes et elles se fâchent avec certaines pour toujours, « par amour », elles peuvent tout abandonner.
Cet « amour », quand il arrive, les rend véritablement femmes, les dignifie, les fait se sentir pures, donne du sens à leur vie, leur donne un statut, les élève par-dessus de l’ensemble des mortels. Cet « amour » n’est pas seulement de l’amour, c’est aussi « ce qui les sauve ».
Les princesses, dans les contes de fée, ne travaillent pas, c’est le prince qui les entretient. Dans notre société, être aimée est synonyme de succès social ; le fait qu’un homme choisisse une femme lui donne de la valeur, la fait se sentir spéciale, la rend mère, elle devient une dame.
Cet « amour » les piège dans des contradictions absurdes : « je devrais le quitter, mais je ne peux pas parce que je l’aime/parce qu’avec le temps il changera/parce qu’il m’aime/parce que c’est ainsi ». C’est un « amour » basé sur la conquête et la séduction, sur une série de mythes qui rendent esclave, comme celui qui dit que « par amour, tout est possible », ou que « lorsqu’on trouve sa moitié, c’est pour toujours ». Cet « amour » promet beaucoup mais en fait, il remplit de frustration, enchaine à des êtres qui ont tout pouvoir sur les femmes, les soumet à des rôles traditionnels et les sanctionne si elles ne s’accordent pas aux canons établis pour elles.
Cet « amour » les rend, également, dépendantes et égoïstes, parce qu’elles utilisent des stratégies pour arriver à leurs fins, parce qu’on nous apprend que pour recevoir, il faut donner, et parce qu’il y a toujours l’espoir que l’autre abandonnera tout, comme elles le font. Cet « amour » ressenti est tel qu’il peut les transformer en êtres aigris qui font continuellement des reproches et des réclamations. Si leur « amour » n’est pas réciproque, elles se victimisent et font du chantage (« moi qui fais tout pour toi »). Cet « amour » les amène dans un enfer où leurs efforts ne sont pas correspondus, où quand ils sont infidèles, ou quand ils les quittent, elles se retrouvent seules au monde, loin des amitiés, de la famille et du voisinage, uniquement dépendantes d’un mec qui croit qu’il a du pouvoir sur elles.
Mais cet « amour » n’est pas de l’amour. C’est de la dépendance, c’est un besoin, c’est la peur de la solitude, c’est du masochisme, c’est une utopie collective, mais ce n’est pas de l’amour.
Nous aimons de manière patriarcale : c’est le romanticisme patriarcal. Un mécanisme culturel qui perpétue le patriarcat. Bien plus puissant que les lois : l’inégalité est blottie dans nos cœurs. Nous aimons à partir d’un concept de propriété privée et sur base de l’inégalité entre les hommes et les femmes. Notre culture idéalise l’amour féminin comme un amour inconditionnel, dévoué, zélé, soumis et fervent. On nous apprend à attendre et à aimer un homme avec la même dévotion que l’on croit en Dieu ou qu’on attend le Messie.
On nous a appris à aimer la liberté des hommes, mais pas la nôtre. Les grandes figures de la politique, de l’économie, des sciences ou de l’art sont des hommes, depuis toujours. Les hommes sont admirables dans la mesure où ils ont le pouvoir : ainsi, les femmes, qui n’ont pas de ressources financières ou de propriété, ont besoin des hommes pour survivre.
Les inégalités économiques, pour des raisons de genre, mènent les femmes à la dépendance économique et sentimentale. Les hommes riches semblent attirants parce qu’ils ont du fric et des opportunités, parce qu’on nous a enseigné depuis toutes petites que nous serons sauvées si nous nous marions. On ne nous apprend pas à lutter pour l’égalité, à avoir les mêmes droits, mais à être la plus belle et trouver quelqu’un qui puisse nous soutenir, qui nous aime et nous protège, même si pour cela nous devons ne plus avoir d’amies, même si cet homme est violent, désagréable, égoïste ou sanguin. L’exemple le plus clair est chez les « capos », les trafiquants de drogue : ils ont les femmes qu’ils veulent, tout comme ils ont les voitures, la drogue, la technologie qu’ils veulent. Ils ont tout pouvoir pour attirer des jeunes femmes esseulées et/ou sans ressources.
Cette inégalité structurelle qui existe entre les femmes et les hommes se perpétue à travers la culture et l’économie. Si nous avions droit aux mêmes ressources financières ou si nous pouvions élever nos enfants de manière communautaire, en partageant les ressources, nous n’aurions pas de besoins basés sur la nécessité, je pense qu’alors nous aimerions avec beaucoup plus de liberté, sans intérêts financiers au milieu. Et il y aurait beaucoup moins d’adolescentes qui croient que, parce qu’elles tombent enceintes, elles s’assurent l’amour d’un macho ou, tout au moins elles auront une pension alimentaire pendant vingt ans.
Les hommes apprennent également à aimer à partir de l’inégalité. Ce qu’ils apprennent en premier, c’est que lorsqu’une femme se marie avec eux, elle devient « ma femme », quelque chose comme « mon mari », mais en pire. Les mecs ont deux options : ou ils aiment à partir d’une position de mâle alpha ou bien ils se mettent à genoux devant une femme, en signe de soumission (c’est alors elle qui porte le pantalon). Les hommes semblent être à peu près satisfaits à partir du moment où ils se sentent aimés, car la tradition leur indique qu’ils n’ont pas à donner beaucoup de place à l’amour dans leurs vies, ni à permettre que les femmes envahissent tous leurs espaces, ni à montrer leur tendresse en public.
Mais tout cela se brise lorsqu’une femme souhaite la séparation et suivre son propre chemin. Dans notre culture, le divorce se vit comme un traumatisme, et les outils que les hommes ont à leur service face à cela sont peu nombreux : ils peuvent se résigner, déprimer, s’autodétruire (certains se suicident, d’autres se bagarrent à mort, d’autres conduisent à grande vitesse). C’est là que rentre en jeu la question de l’honneur, l’indicateur principal de la double morale : les hommes de manière naturelle poursuivent les femelles, les femmes doivent donc mourir assassinées si elles ne leur permettent pas d’arriver à leurs desseins. Pour les hommes traditionnels, la virilité et l’orgueil sont au-dessus de tout: il est possible de vivre sans amour, mais pas sans son honneur.
Des millions de femmes meurent tous les jours, sous couvert de « crimes d’honneur », des mains de leur conjoint, leur père, leur frère, leur amant, ou se suicident (poussées par les évènements (NdT) ou leur propre famille). Les motifs : parler avec un homme qui n’est pas leur conjoint, avoir été violée, vouloir se séparer ou divorcer. Une petite rumeur peut, à elle seule, tuer une femme. Et ces femmes-là ne peuvent pas survivre en dehors de leur communauté : elles n’ont pas d’argent, elles ne sont pas libres, elles ne peuvent pas travailler hors de chez elles. Elles ne peuvent pas s’échapper.
Même les femmes qui ont des droits peuvent se trouver coincées dans des relations conjugales ou sentimentales. La dépendance émotionnelle ne distingue pas les classes sociales, les cultures, les religions, l’âge ou l’orientation sexuelle. Nombreuses sont les femmes sur cette planète qui se soumettent à la tyrannie « de tout supporter par amour ».
Dans ce sens, l’amour romantique est un instrument de contrôle social, et également un anesthésiant. Il est vendu comme une utopie réalisable, mais, pendant que l’on marche vers elle, en cherchant la relation parfaite qui nous rendra heureuse, nous réalisons que la meilleure manière de s’accomplir, dans cette perspective, implique de perdre sa propre liberté, et renoncer à tout, pour maintenir la paix des ménages.
Dans cette harmonie supposée, les hommes traditionnels souhaitent des femmes bien sages qui les aiment sans rien demander (ou très peu) en échange. Plus ces femmes ont une estime d’elles-mêmes détériorée (par les hommes –NdT-), plus elles se victimisent, plus elles deviennent dépendantes. C’est ainsi qu’elles ont du mal à voir que l’amour n’a rien à voir avec la soumission, le sacrifice, ou le fait d’avoir à tenir le coup.
Le couple est le pilier fondamental de notre société. C’est pour cela que les impôts, l’église, les banques, etc., pénalisent les célibataires, en promouvant le mariage hétérosexuel. Quand il n’y a plus d’amour ou qu’il s’amenuise, nous le vivons comme un échec ou comme un trauma. Nous sommes complètement désespérées : nous ne savons pas comment prendre d’autres chemins, nous ne savons pas traiter avec tendresse la personne qui souhaite s’éloigner de nous. Nous ne savons pas gérer nos émotions : c’est pour cela qu’il y a souvent des menaces, des crises, des insultes, des reproches et des vengeances.
C’est pour cela, également, que tant de femmes sont punies, maltraitées et assassinées quand elles décident de se séparer et d’entreprendre un autre style de vie. La quantité d’hommes qui n’ont pas les moyens de se confronter à la séparation est encore plus grande ; puisque, depuis enfants, ils ont appris à être les plus forts et que les conflits se résolvent par la violence. Si ce n’est pas chez eux, c’est par la télé : leurs héros se font eux-mêmes justice en utilisant la violence, en imposant leur autorité. Les héros ne pleurent pas, sauf si c’est parce qu’ils ont atteint leurs objectifs (une coupe de foot ou exterminer des aliens).
Ce qu’apprennent les films, les contes, les romans, les séries, c’est que les copines des héros les attendent patiemment, les adorent et prennent soin d’eux, qu’elles sont disponibles pour leur donner de l’amour quand ils en ont le temps. Les filles dans les pubs offrent leur corps comme une marchandise, l’amour des gentilles petites femmes des films est un trophée au courage féminin. Les femmes bien ne quittent pas leurs conjoints. Les mauvaises femmes qui croient qu’elles peuvent faire ce qu’elles veulent de leur corps et de leurs sexualités, celles qui croient pouvoir diriger leur vie comme elles veulent, celles qui se révoltent terminent toujours par être punies (par la prison, la maladie, l’ostracisme social ou la mort).
Les mauvaises femmes ne sont pas détestées uniquement par les hommes, mais aussi par les femmes bien, parce qu’elles déstabilisent l’ordre « harmonieux », en prenant leurs propres décisions et en rompant leurs relations. Les médias présentent très fréquemment les cas de violences contre les femmes comme des crimes passionnels, et justifient les assassinats ou la torture par des expressions comme « ce n’était pas une personne tout à fait normale », « il avait bu », « elle était avec quelqu’un d’autre », « il est devenu fou quand il l’a appris ». S’il la tue, c’est « parce qu’elle a sûrement dû faire quelque chose ». La faute retombe toujours sur elle et c’est lui la victime. Elle a fait un faux pas et elle mérite être punie, lui mérite de la punir pour calmer sa douleur et reconstruire son orgueil.
La violence est une composante structurelle de nos sociétés inégalitaires, c’est pour cela qu’il est important de ne pas confondre amour et possession, comme il ne faut pas confondre la guerre et l’aide humanitaire. Dans ce monde où la force est utilisée pour imposer des mandats de genre et contrôler les personnes, où la vengeance est encensée comme mécanisme pour gérer la douleur, où les punitions sont utilisées pour corriger les déviances, où la peine de mort sert à conforter les offensés, il est d’autant plus nécessaire d’apprendre à bien s’aimer.
Il est vital de comprendre que l’amour doit avoir pour base la bienveillance et l’égalité. Pas seulement de la part de notre partenaire, mais en ce qui concerne la société tout entière. Il est fondamental d’établir de relations égalitaires où nos différences nous enrichissent et ne servent pas à nous soumettre. Il est également essentiel que les femmes ne vivent pas sujettes à « l’amour », ainsi qu’enseigner aux hommes à gérer leurs émotions pour qu’ils sachent contrôler leur colère, leur impuissance, leur peur et qu’ils comprennent que les femmes nous ne sommes pas des objets à leur disposition, mais des compagnes. De plus, il est extrêmement important de protéger les enfants qui souffrent, chez eux, des violences machistes, parce qu’ils sont exposés à l’humiliation et aux larmes de leur héroïne, leur mère, qu’ils doivent supporter les cris, les coups et la peur, parce qu’ils vivent dans la terreur (d’un père violent -NtD-), parce qu’ils deviennent orphelins, parce que leur monde est un enfer.
Il est urgent d’en finir avec le terrorisme machiste : en Espagne, plus de personnes sont mortes à cause de lui qu’à cause du terrorisme de l’ETA. Pourtant, les gens s’indignent bien plus devant ce deuxième, sortent manifester dans la rue contre lui et prennent soin de ses victimes. Le terrorisme machiste est considéré comme une affaire entre particuliers, qui ne touche que certaines femmes. C’est pour cela que beaucoup de personnes ne réagissent pas lorsqu’elles entendent des cris au secours, ne dénoncent pas, n’interviennent pas. Si on regarde les chiffres, on voit combien le personnel est politique, et également économique : la crise augmente la terreur, mais bien des femmes ne peuvent pas se séparer et le divorce coûte cher. C’est pour cela que, dans de nombreux cas, des femmes font marche arrière. Le prix d’un jugement, en Espagne, fait que beaucoup femmes n’imaginent même pas pouvoir porter plainte, car faire appel à la justice n’est possible que pour les riches.
Il est urgent de travailler avec les hommes (en prévention et en traitement) et de protéger les femmes ainsi que les enfants. Il faut que les femmes se sentent fortes, mais il est également nécessaire de travailler avec les hommes, sinon toute lutte sera vaine. Il est nécessaire de promouvoir des politiques publiques qui incluent une vision de genre, il est nécessaire que les médias aident à lutter contre cette forme de terreur qui est présente dans tant de foyers de par le monde.
Un changement social, culturel, économique et sentimental est nécessaire. L’amour ne peut plus se baser sur la notion de propriété privée, et la violence ne doit plus être utilisée pour résoudre les problèmes. Les lois contre les violences de genre sont très importantes, mais elles doivent être accompagnées d’un changement dans nos structures émotionnelles et sentimentales. Pour que cela soit possible, il faut changer notre culture amoureuse et promouvoir d’autres modèles qui ne sont plus construits dans l’intention de nous soumettre ou nous dominer. D’autres modèles féminins et masculins, qui ne soient pas basés sur la fragilité des unes et la brutalité des autres.
Nous devons apprendre à rompre avec les mythes, à nous défaire des impositions de genre, à dialoguer, à passer de bons moments avec les personnes qui font un bout de chemin dans notre vie, à nous unir et à nous séparer en liberté, à nous traiter avec respect et tendresse, à digérer les pertes, à construire de belles relations. Nous devons rompre avec les cycles de douleur dont nous avons hérité et que nous reproduisons inconsciemment. Nous devons nous libérer en tant que femmes, mais aussi en tant qu’hommes, du poids des hiérarchies, de la tyrannie des rôles imposés et de la violence.
Nous devons faire un travail sur nous-même afin que l’amour se répande et que l’égalité soit une réalité, bien au-delà des discours. C’est pour cela que ce texte est dédié à toutes les femmes et à tous les hommes qui luttent contre la violence de genre autour du monde : groupes de femmes contre la violence, groupes d’autoréflexion masculine, autrices/auteurs qui font des recherches et écrivent sur le sujet, artistes qui travaillent pour rendre visible ce fléau social, le politicien.ne.s qui travaillent pour promouvoir l’égalité, les activistes qui sortent dans la rue pour condamner la violence, des maîtres.ses et les professeur.e.s qui font un travail de sensibilisation dans les salles de classe, les cyberféministes qui cherchent des signatures pour rendre visibles les meurtres et font changer les lois, les leaders qui travaillent dans les communautés pour éradiquer la maltraitance et la discrimination contre les femmes. La meilleure manière de lutter contre la violence, c’est d’en finir avec les inégalités et le machisme : en analysant, en rendant visible, en déconstruisant, en dénonçant et en réapprenant autrement, ensemble.
Great rread
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