La violence de la communication non violente – Natàlia Wuwei Climent

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Illustration de Tània Manzanal Cerdà

Les bienfaits de la communication non violente sont incontestables et très souvent reconnus. Ce qui ne l’est pas, c’est son utilisation à des fins de manipulation et de maltraitance. 

Cet outil, très fréquemment utilisé dans les milieux et relations non monogames, n’est pas sans problème. Il est important de le savoir et d’être prudent.e.s si nous nous sentons décontenancé.e.s, angoissé.e.s ou déboussolé.e.s face à des personnes qui, sous couvert de CNV, peuvent actionner des mécanismes d’oppression et d’emprise.

Cela fait un grand moment que je m’interroge sur son utilisation à des fins peu louables et j’ai déjà échangé avec Natàlia à ce sujet. Il y a quelques semaines, elle a publié un article en catalan, dans le journal La Directa, où elle expose brièvement quels aspects lui paraissent les plus problématiques ainsi que sa propre expérience avec la CNV.

La violència de la comunicació no violenta

Traduction : Elisende Coladan

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La communication non violente est devenue un des outils couramment utilisés dans nos espaces. Il en existe des versions critiques et elle a des aspects utiles, notamment ceux qui sont en relation avec les notions d’empouvoirement, d’autonomie et ou de responsabilisation. Cependant, il est important de comprendre quelles sont les bases conceptuelles sur lesquelles la CNV s’est construite, pour en faire une utilisation plus consciente. Dans ce texte, je parlerai de la CNV définie par Rosenberg au début des années 60, qui est celle qui est le plus souvent mentionnée dans les ateliers et les débats. C’est celle qui est le plus couramment employée et qui s’est transformée en une sorte de dogme.

Je l’ai tellement vue utilisée pour manipuler, maltraiter et abuser que cela est devenu une sorte de signal d’alarme suffisamment importante pour m’amener à essayer de mieux comprendre quels en sont les aspects problématiques. Une grande partie de ce discours est basé sur une vision individualiste qui considère les personnes comme des êtres isolés et indépendants qui se trouvent affectés les uns par les autres de manière ponctuelle et volontaire, en laissant de côté ou en ignorant tous les aspects liés à l’interdépendance. La CNV peut être un très bon outil si nous sommes dans une relation horizontale, mais elle ne prend pas en compte les structures de pouvoir et les hiérarchies qui sont très souvent présentes dans les relations.

La responsabilité

La CNV appelle « violence » le fait de nier sa propre responsabilité dans des actes et des émotions. La proposition n’est pas sans intérêt. Le problème réside en comment se fait la distribution des responsabilités, car cela dépend de bien des facteurs, notamment du contexte (entourage social), tout comme de la manière dont cela se fait et est reçu. La CNV est basée sur un paradigme où les responsabilités de chaque personne sont totalement séparées, et où la relation et son contexte sont effacés : nous sommes complètement responsables de ce que nous faisons et ressentons, et l’autre est totalement responsable de ce qu’il fait et ressent, et ce que nous ressentons à cause de ce que l’autre fait est de notre responsabilité. Selon la CNV, signaler quelque chose vers l’extérieur est toujours un acte violent.

Un des exemples qu’utilise la CNV pour illustrer ce que je viens d’exposer est la critique faite à l’expression « je devrais » ou « je dois ». Cette expression utilise le verbe « devoir » pour exprimer l’obligation : nous faisons quelque chose parce que nous nous en sentons obligés, non pas parce que nous en faisons le choix. Selon la CNV, utiliser cette expression nous enlève la responsabilité et la conscience de notre responsabilité. La proposition est donc de changer ce que nous « devons » par ce que nous « choisissons ». Cette vision devrait nous aider à prendre conscience de ce que nous faisons et du pouvoir que nous avons sur nos ressentis et de comment nous nous sentons entouré.e.s. Ce qui, comme toute pensée libérale, se base uniquement sur la liberté de choix et efface les situations sociales inégales. Avoir moins d’options ou choisir la coercition, ce n’est pas choisir librement.

Par ailleurs, des personnes utilisent souvent la CNV pour ne pas avoir à assumer la responsabilité d’agressions ou d’actions qui touchent leurs relations car, si nous sommes totalement responsables de ce que nous ressentons, la manière dont l’autre se sent par rapport à nos actions n’est pas de notre responsabilité.

L’objectivité

Selon la CNV, pour communiquer de façon non violente, il est nécessaire de partir d’observations objectives, et non pas d’appréciations subjectives : par exemple, dire à une personne qu’elle est en train de nous ignorer est une appréciation subjective, mais dire « non » est une réponse à une observation objective. Agir ainsi permet de ne pas accepter ce que nous méconnaissons ni d’attribuer à l’autre des intentions, des souhaits ou des émotions.

Cependant, par défaut, ce qui est souvent décrit comme des observations objectives s’apparente à une définition concrète du monde qui nous entoure, liée aux privilèges (l’objectivité souvent correspond au regard de l’homme blanc, cis, hétérosexuel, de classe moyenne-haute, neurotypique, mince, sans handicap, etc. C’est-à-dire à ceux qui ont le pouvoir de décider ce qui est objectif et ce qui ne l’est pas). Donc, ce type d’observations bénéficie habituellement à qui a le plus de privilèges. Selon l’exemple donné, supposer que l’autre personne ne nous a pas répondu peut être une perception subjective qui correspond à l’idée de comment doit être faite une réponse à partir de la seule forme de communication valable : peut-être que cette personne a répondu selon ses capacités de communication, mais qu’elle n’a pas été comprise, car la compréhension passe par des filtres normatifs culturels et neurotypiques. C’est en cela que le contexte est important.

Ce raisonnement invisibilise également notre capacité d’expression lorsque nous nous sentons manipulé.e.s ou quand il y a maltraitance, puisque ce type d’appréciation est généralement considérée comme subjective.

L’empathie

Finalement, l’élément phare de la CNV, c’est l’empathie. La CNV décrit le processus empathique comme une interprétation de ce dont l’autre a besoin sans qu’il ne le demande. Ce qu’affirme la CNV, c’est que lorsqu’une personne se plaint, il n’est pas possible d’être responsable de ce qu’elle ressent et que, par conséquent, cela doit provenir de quelque chose qu’elle ne peut pas satisfaire par elle-même. C’est donc important de le lui faire savoir (ce qui présuppose un besoin non satisfait). De mon point de vue, c’est plutôt violent de dire à quelqu’un.e ce dont elle a besoin et comment elle se sent par rapport à ce besoin, car c’est en faire une lecture, sans qu’elle ne puisse s’exprimer et sans même qu’elle ne l’ait demandé. De plus, c’est dévier l’attention de sa demande première, en faisant un passage subtil du fait signalé à la personne qui le signale.

J’ai vu tellement de manipulations au moyen de ce type d’empathie, comme dans cet exemple : si tu essaies de signaler une agression, tu vas être immédiatement interrogée sur tes émotions et sur tes propres carences affectives, comme si les émotions exprimées ne pouvaient pas venir de l’agression elle-même. Cela est possible puisque la personne qui agresse n’est pas responsable de tes émotions. C’est ce fait qui m’a provoqué le plus d’anxiété quand je me suis trouvée face à une personne qui utilisait la communication non violente.

Les maltraitances se cachent sous l’Amour Romantique . Brigitte Vasallo

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Erika Kuhn (https://obraerikakuhn.blogspot.com/) – Dessin fait à partir d’une photographie de Ashley Lebedev http://pcdn.500px.net/2128392/0113ba219b95343578b9aa135319bc35632eae5d/4.jpg

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Interview réalisée par Cristina Garde et publiée en catalan, le samedi 15 avril 2017, dans le journal Social.cat

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Traduction: Elisende Coladan

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« Patriarcat, racisme et capitalisme sont les trois axes de la domination ».

Brigitte Vasallo paraphrase le sociologue portugais Boaventura de Sousa Santos et s’approprie la citation. Elle se définit comme une écrivaine titubante, activiste LGTBI et féministe plus préoccupée par le racisme que par le genre. Elle considère que les femmes ont assumé un rôle qui les fait se sentir coupables et qui les transforme toujours en « celles qui prennent soin » des autres, avec leurs qualités, mais également leurs craintes et elle dénonce que les violences machistes ne sont que la pointe de l’iceberg d’un système qui légitime les inégalités.

« Les femmes, nous subissons toute sorte de violences en même temps et nous les vivons de manière bien plus forte que les hommes ».

  • Comment se construisent ces inégalités ? Qu’est-ce qu’une inégalité ?

J’utilise souvent, comme référence, une phrase de Michel Foucault. Il définit l’inégalité comme les conditions de l’acceptabilité du meurtre, c’est-à-dire, le moment où l’assassinat d’un collectif devient acceptable. Et « acceptable » veut dire que cela n’engendre aucun scandale, que ce n’est pas un problème. Il y a beaucoup d’inégalités quotidiennes sur le terrain du genre, comme sur bien d’autres. Mais sur celui du genre, cette acceptabilité est vraiment évidente. Il suffit de penser aux féminicides.

  • « Féminicide » est un terme dont la loi ne tient pas compte. De fait, l’administration n’a, à ce jour, que le registre des femmes assassinées par leur conjoint ou ex-conjoint. Comment faire alors pour y ajouter celles qui le sont par la violence machiste ?

Ce système d’inégalités est une violence en soi, mais, effectivement, lorsque nous parlons de violences machistes, s’élève toujours le débat sur le fait de savoir où en est la limite. Si bien que cela nous préoccupe que le genre soit entendu comme concernant uniquement le corps des femmes ; que quand il s’agit de violence machiste, les autres corps soient laissés de côté, comme celui des enfants, comme les corps homos. Quand il s’agit de violence, dans le contexte des féminicides, il n’est pas question des enfants ni de l’entourage. La violence machiste va bien plus loin que la personne qui la subit, que la personne assassinée. Un meurtre est, d’un extrême à l’autre, un drame social.

  • En Catalogne, les dénonciations de violences machistes dans le cadre conjugal ont tendance à stagner, tandis que le nombre de femmes assassinées ne diminue pas. Vous croyez vraiment que nous sommes en train d’inverser la tendance ?

Je ne sais pas si, en Catalogne, nous allons mieux ou moins bien. Ce que je sais, c’est qu’un seul assassinat, qu’une seule violence, c’est déjà trop. Vraiment, c’est possible qu’elles soient plus visibles maintenant, mais il y a encore beaucoup à faire pour qu’il ait une prise de conscience. Le travail actuel ne montre que la pointe de l’iceberg et absolument pas l’ensemble. Il n’y qu’à voir comment cela est abordé dans les écoles, quels sont les reportages diffusés par les médias, quelles promotions font encore les films de certains types de rôles. Tout cela fait qu’ensuite, l’assassinat d’une femme, une violence contre elle, sont possibles sans que personne n’en soit scandalisé.

« Quand nous parlons de violences machistes, nous parlons de violences structurelles, qui ont une raison systémique qui les alimente, qui les renforce, qui les justifie et les légitime. »

  • Nous avons arrêté d’utiliser le terme « violence de genre » qui réunissait, entre autres, toutes les attaques des hommes contre les femmes et des femmes contre les hommes, et nous acceptons, de fait, que la violence de genre est, majoritairement, une violence machiste.

Je ne suis pas très partante pour prendre en compte la violence d’un groupe minoritaire contre un groupe majoritaire. La violence que peut exercer une femme contre un homme ou une personne LGTBI contre une personne hétérosexuelle est une violence concrète, elle n’est pas réalisée sur tout un système qui la représente. Par contre, si nous parlons de violence machiste, nous parlons de violences structurelles. Quand nous disons « structurelles », nous faisons référence non seulement à la raison systémique qui les alimente, leur donne leur force, les justifie et légitime, mais également au fait que, également, il est très compliqué de s’en défendre. Se défendre de ce qui nous agresse est fort compliqué car il y a toute une série de mécanismes qui font que la violence est possible.

  • La législation espagnole ne semble pas comprendre, non plus, la violence contre les femmes comme une violence structurale.

Nous savons bien qui légifère et à quel point la législation est toujours à la traîne des demandes sociales. Mais, avant de parler de ce qu’il est possible ou pas de dénoncer, il faut s’interroger sur l’unique moyen qui nous est proposé pour porter plainte. Nous sommes en train de demander, par exemple, à des populations qui sont poursuivies par la police à travers des rafles ou des expulsions, de porter plainte devant les mêmes forces de police qui les menacent. C’est ridicule et à côté de la plaque. Tout est à changer de haut en bas. Cela est en train de se faire, mais peu à peu. Ce qui est dommage car l’urgence est là.

  • Urgent parce que toutes les femmes nous pouvons subir la maltraitance, nulle n’en est exempte…

Oui. La maltraitance peut nous atteindre toutes. Avoir lu ou faire de l’activisme ne nous libère pas de la possibilité de la vivre, parce qu’elle est extrêmement invisibilisée, parce que nous partons d’une construction de genre qui nous fait être obligatoirement coupables et celles qui prennent soin des autres, et c’est un piège des plus compliqués à démonter, car cela va au-delà de la situation de maltraitance, mais vient de la manière dont on nous apprend à être au monde. Après, il y a cette grande solitude, qui fait que c’est très difficile d’expliquer ce qui nous arrive. Être féministe et activiste ne rend pas plus facile le fait d’avoir à expliquer ce que nous subissons et souffrons en termes de violence.

  • Pourquoi est-ce si difficile de rendre visible la maltraitance ?

Il est difficile de la visibiliser parce qu’elle est soutenue par une propagande qui la normalise, depuis les chansons pop jusqu’au reggaeton, par exemple. La plupart de la maltraitance ne se voit pas, parce qu’elle est cachée derrière les différentes formes de l’amour romantique. Cela est ancré bien au-delà du rationnel qu’il est possible de démonter en lisant et en faisant des réunions pour en parler.

  • Et comment se soutient ce système de domination machiste ?

D’un côté, il y a une question d’habitus, comme disait Pierre Bourdieu, c’est-à-dire, l’habitude, la manière dont les choses se passent et qui permettent qu’elles puissent se reproduire parce qu’elles sont extrêmement intériorisées. Le public s’habitue à une série d’images, de propositions que les médias continuent à reproduire car elles sont réellement intériorisées. Cela génère un cercle vicieux qu’il est très difficile de casser. Ce serait comme le côté innocent, si on peut dire.

  • Et l’autre ?

L’autre côté, c’est que toutes ces violences apportent une série de bénéfices au capitalisme, aux pouvoirs établis. Cela apporte des bénéfices qu’il y ait une partie de la population, les femmes, qui est minorisée. Et là, nous parlons uniquement d’une perspective qui ne prend en compte que les femmes en tant que telles, si nous si on ajoute les éléments de race, de classe sociale, de santé mentale, d’âge… alors, la montagne est énorme ! Ceci est bien utile pour le système, parce que cela génère une forme de gouvernabilité, cette pensée positive à la mode qui me déchire, toute simple : si on hiérarchise la population et si certains exercent des violences contre les autres, par le fait qu’elles sont en-dessous, c’est résolu : on a l’armée.

  • C’est à ce moment-là que l’on parle d’un système patriarcal. Comment faut-il comprendre ce terme ?

Toutes les formes de domination sont souvent envisagées à partir de la notion de genres qui fonctionnent de la même manière. Et ce n’est pas le cas. Tout est domination masculine, mais tout n’est pas patriarcat. Gayle Rubin définit le patriarcat comme une forme méditerranéenne. Le patriarcat originel est Abraham, qui est le père du judaïsme, du christianisme et de l’Islam, la représentation du berger qui contrôle le troupeau et les femmes. Cela me paraît intéressant, parce que souvent nous voyons l’Islam comme quelque chose d’étrange et pourtant, l’origine en est la même. En ce qui concerne les sociétés latino-américaines, Gloria Anzaldúa, par exemple, montre la continuation des formes de domination présentes pendant la colonisation. Souvent, quand nous voyageons, il nous arrive de penser « Quelle société machiste ! », alors c’est juste que ça s’exprime de manière différente. Cela nous surprend parce ce que nous ne sommes pas habituées à ces formes-là, mais aux nôtres, que nous avons tellement assimilées que nous les voyons plus.

  • De manière générale, la domination masculine montre son pouvoir d’une manière bien concrète : en établissant des relations de hiérarchie, elle soumet à travers la violence.

La violence est clairement une question de pouvoir, c’est une question de chosification et de déshumanisation de l’autre, de la possibilité que cela se passe. La femme n’a pratiquement jamais ce pouvoir. J’ai écrit, il y a peu, un texte sur la culture du viol et les théoriciens comprennent uniquement le viol comme un pouvoir qui s’exerce contre les femmes. C’est quelque chose qui m’hérisse le poil, parce que les chiffres d’enfants violés par d’autres hommes est très élevé. Cette violence s’exerce également sur d’autres collectifs. Cela m’irrite également quand, dans des situations où les femmes ont le pouvoir, cette violence existe également. Je pense, par exemple, à des viols d’homme de la part de femmes soldats, dans la prison d’Abu Ghraib.

  • Et, quand nous avons compris que le pouvoir s’exerce par la violence, quand nous avons appris qu’une femme doit maintenir une posture qui la rend coupable, comment fait-on pour déconstruire les rôles ?

Il n’y a pas un processus de déconstruction suivi d’un de construction : ils sont simultanés. Je ne sais pas comment nous y arrivons, mais je sais que, les femmes, nous avons la capacité de le faire et que nous avons besoin de nous accompagner les unes les autres pour trouver les mécanismes et les stratégies pour y arriver. Il faut également avoir à l’esprit que toutes les stratégies de résistance sont légitimes Je pense au cas concret où la violence de genre est accompagnée de racisme. Quand nous parlons de violence contre les femmes, on pourrait penser que nous parlons uniquement de machisme, mais le racisme est une violence contre les femmes, le capitalisme est une violence contre les femmes. Les femmes, nous subissons toutes les formes de violence en même temps et de manière bien plus multiple que les hommes.

  • Donc, comme fait-on pour résister contre ce système de domination ?

Il y a des théories qui centrent leur analyse uniquement sur un point, les perspectives monofocales qui expriment que lorsqu’il n’y aura plus de genres, tout sera résolu ou quand il n’y aura plus de classes sociales, tout sera résolu, ou quand il n’y aura plus de racisme, tout sera résolu… Je pense, comme Patricia Hill Collins, que les violences comme formes de domination ne sont pas une matrice, mais un réseau. Donc, il changer de dynamique à partir de différents axes. Ce n’est pas évident, pour moi, de savoir comment construire autrement les relations, mais je suis assez convaincue que le changement passe par les dynamiques et non pas par le résultat immédiat, qui souvent n’est pas celui escompté. Je ne crois pas que seul la notion de genre contre le patriarcat puisse provoquer une quelconque chute.

  • Mais, si nous rompons avec la hiérarchie de genre, il sera possible de le faire avec toutes les autres.

On peut être en train de rompre une hiérarchie établie par le genre, en même temps que la hiérarchie de races peut paraître normale. La hiérarchie de classes peut paraitre terrible, mais la hiérarchie par orientations sexuelles peut sembler correcte. Nous sommes pleines de contradictions. J’aime beaucoup la pensée de Boaventura de Sousa Santos qui parle toujours du patriarcat, du capitalisme et du racisme comme des trois principaux axes de domination. Il affirme qu’ils vont effectivement ensemble et qu’ils se rétroalimentent. Que cela vaut la peine, à chaque fois, de regarder quel est l’axe émergeant. Et se fixer sur ce point ne veut pas dire qu’il faut aller vite et oublier toutes les autres luttes. Cela veut dire qu’à partir de nos luttes, nous avons à prendre en compte cet axe.

  • Je pense aux femmes réfugiées, aujourd’hui c’est le collectif le plus vulnérable, mais je ne sais pas si nous sommes en train de vraiment les prendre en compte comme il faut.

Est-ce que lorsque nous pensons à la lutte contre la violence machiste, nous pensons aux femmes réfugiées ? Non, nous imaginons que c’est un autre type de violence, mais ce sont également des femmes. Même si nous sommes des femmes, nous sommes des femmes blanches, en situation de pouvoir, et nous devons le prendre en compte. C’est toujours après qu’un collectif en ait fait la demande explicite que nous pouvons commencer à nous organiser/trouver des solutions. Je pense au débat sur le voile, à toutes les féministes noires. J’ai déjà écrit sur le fait qu’elles nous ont déjà demandé de ne pas mélanger les concepts, que ce n’est pas la même chose d’être une femme noire dans un contexte raciste qu’être femme dans un groupe hégémonique. Les féminismes, au pluriel, doivent bien plus prendre cela en compte, que ce qui a été fait jusqu’à présent.

  • De fait, maintenant, il y a des femmes issues du monde de la culture de masses et du showbiz, qui claironnent une sorte de féminisme dilué, qui convient au système de domination, bien plus qu’il ne représente une lutte.

C’est vrai que, souvent, on la sensation qu’on est en train de surfer sur un féminisme de surface et que, rarement, on arrive à un réel engagement, mais je pense que cela sert probablement à quelqu’un. Et si ce genre de message arrive là où n’arrive pas le mien ? J’ai le sentiment que chacune fait ce qu’elle peut et que l’ennemi est bien là, de l’autre côté. Par exemple, même si les quotas sont effrayants, je me rends compte qu’ils ont une fonction. À partir de mon expérience d’activiste contre l’islamophobie, quand je dis « si à cette conf, il n’y a pas de musulmanes, je n’y participe pas », les gens bougent et, ensuite, lors d’autres colloques, on pense à elles bien avant moi. C’est une question de résistance. Il semble que si on ne fait pas du forcing, rien ne change. Maintenant, cela dérange qu’il n’y ait pas de parité. Cela commence à changer.

Pensée monogame au-delà des couples « ou mémoires d’une C » (ou pourquoi je déteste vraiment la monogamie) – Wuwei (Natàlia)

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Ilustration de Wuwei (Natàlia)*(Traduction à la fin de l’article)

Cela fait quelques temps que je lis ce que Natàlia écrit sur les « C ». Notamment sur son mur Facebook. Mais je n’ai jamais assisté à une des présentations ou ateliers qu’elle organise sur le sujet.

Voici qu’enfin, elle publie un texte sur ce thème et je suis vraiment contente de pouvoir le traduire, afin de partager ses idées avec le lectorat francophone.

(J’ai rajouté « ou mémoires d’une C » au titre original, parce que c’est le sujet de départ de cet article et celui de la conférence présentée lors des 3é Jornades d’Amors Plurals, en janvier dernier, à Barcelone.)

Traduction : Elisende Coladan

 

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Photo Monica Rabadan.

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Cet article est un résumé (très résumé) de la présentation « Mémoires d’une C », que j’ai proposée en novembre de l’année dernière et que j’ai répétée en janvier dernier, lors des 3e Jornades d’Amors Plurals (à Barcelone).

A et B ont une relation. B connaît C, A et B commencent à prendre des décisions au sujet de cette relation, mais ces décisions affectent également la relation entre B et C. Néanmoins, C n’en sera informée [1] à aucun moment. Lors des groupes de discussions, il s’agit souvent de donner son opinion sur A ou sur B, mais personne ne se demande comment se sent ou ce dont a besoin C. Finalement, une décision est prise et c’est fort probable que C ne sera informée que du verdict final. Au mieux, il lui sera possible d’exprimer son accord ou pas (sans plus de nuances). Lorsqu’il y a un « conflit » entre A et B à cause de l’existence de C, cette situation se présente fréquemment mais, il arrive également que C soit complètement effacée.

J’ai commencé à m’inquiéter pour les C (et pour toutes les autres lettres qui suivent), quand j’ai remarqué que, dans les groupes de discussion, il y avait des exemples de conflits entre A, B et C (lettres utilisées pour garder l’anonymat des personnes). C y était mentionnée, dès le début, comme « un problème », comme « un objet » et non pas comme « un sujet » : tout le monde y allait de son avis sur des aspects qui affectaient C, mais personne ne se posait la question de comment C se sentait ou de ce qu’elle pouvait souhaiter. On parlait de C mais pas avec C. À ce moment-là, je vivais moi-même une relation où je sentais que tout était défini par des éléments qui m’étaient extérieurs et que je n’avais pas de voix, ni de possibilité de comprendre, ni de droit à décider… et que mes émotions ou mes besoins étaient effacés ou méprisés.

La pensée monogame au-delà du couple

Les normes imposées par la pensée monogame, en ce qui concerne les relations romantiques et sexuelles, influencent tout type de relations. La manière dont nous devons être en lien se fait selon le statut relationnel (couple, amitié, etc) et chaque statut est placé à un niveau différent, formant des hiérarchies. Cette pensée génère une demande d’exclusivité pour le couple, et pas seulement d’ordre sexuel : cela touche quasiment tous les aspects de la vie. Il s’agit de la quantité de temps passé ensemble, des activités qui ne peuvent pas être partagées avec d’autres (comme les vacances ou l’éducation des enfants) ou, simplement, que cette relation soit reconnue en tant que telle. C’est cette reconnaissance qui nous aide à nous sentir appréciée et à valoriser chacune de nos relations et à « reconnaitre » notre existence dans la relation (sans cette reconnaissance, bien des aspects qu’elle nous apporte sont facilement effacés, et la possibilité d’engagement et de prendre soin ne sont pas reconnus). Cette reconnaissance n’existe que dans le cas des relations de couple.

Malgré toute la violence qu’il peut y avoir dans une relation de couple, elle bénéficie d’un privilège social. À travers des demandes d’exclusivité, spécialement celle de la reconnaissance, une hiérarchie s’installe entre les relations. Cela permet d’établir des « normes », imposées par cette relation, sur les « autres » relations. Lesdites relations finissent par être dominées par les couples, sans qu’elles aient leur mot à dire. J’en profite pour préciser que hiérarchie et importance ou priorité ne sont pas du même ordre : avoir différentes relations dans des ordres différents d’importance ou de priorité ne veut pas dire qu’il s’agit de hiérarchie. Il est tout à fait possible d’avoir des relations à différents degrés d’importance ou de priorité, ou bien dans lesquelles ce qui est partagé est totalement différent, sans que cela n’implique que ces personnes n’aient pas leur mot à dire sur ce qui les affecte.

Cette pensée monogame efface également des liens, des émotions et des violences. Cela a pour effet que, lorsque l’on parle de « relation », tout le monde comprend « relation de couple », que dès que l’on mentionne des « sentiments » par défaut, on pense à ceux d’ordre « romantique » ou bien encore, si nous parlons de « violences de genre », ou de « maltraitances », il est habituel de penser d’abord aux violences conjugales, effaçant ainsi tous les autres types de relations qui existent en dehors du couple. C’est ainsi qu’il est fréquent de prêter plus attention aux émotions qui viennent de la relation de couple qu’à celles de tout autre relation (niant ainsi toute possibilité d’accompagnement émotionnel ou même empêchant les personnes de s’exprimer à ce sujet).

Cette pensée peut se reproduire lorsque nous parlons de nos relations comme « sexo-affectives », ou sans les nommer clairement, car cela implique la possibilité de les hiérarchiser. En effet, plus une relation est « amoureuse/romantique » ou/et « sexuelle », plus elle a tendance à être placée en haut de l’échelle des hiérarchies. C’est également le cas lorsqu’il y a une relation « de couple » avec plus de deux personnes [2], ou dans les relations non monogames, quand il y a un « couple principal » et des relations secondaires. Par ailleurs, il est également possible de construire des relations hiérarchisées pour d’autres raisons que l’amour romantique ou le sexe.

Violence monogame

Cette violence s’exprime de différentes façons selon le type de relation : il y a celle qui se produit dans les relations de couples, mais il y en a d’autres qui se produisent sur les autres relations, et qui se basent, par exemple, sur le fait de les effacer du paysage. Par exemple, quand une relation n’est pas reconnue, que des expressions stéréotypées sont utilisées, comme « l’autre », « l’amante » (concepts qui indiquent une altérité), ou que l’on les considère comme « seulement » des relations amicales (en les plaçant, de fait, à un niveau inférieur). Violence qui fait qu’il y a comme intention que C ne soit « rien, ni personne » pour ne pas « fâcher » A ou B, qui est en couple et avec qui on est en relation, ou que C ne soit pas entendue lorsqu’elle exprime un certain inconfort dans la relation, ou que les soucis de A ou B soient toujours une priorité, quels qu’ils soient et quel que soit le contexte.

Les personnes qui peuvent se sentir les plus touchées par ce genre de violence sont celles qui sont traversées par d’autres structures (comme le machisme, l’hétérosexisme, le racisme, le classisme, la psychophobie, etc.) De plus, certaines personnes avec beaucoup de privilèges peuvent profiter de la situation et la retourner à leur profit, car s’il s’agit de relations peu impliquantes, ces personnes peuvent conserver tranquillement leurs privilèges, sans avoir à donner de leur temps, à prendre soin des autres ou à s’engager.

Rompre avec la pensé monogame 

Le consumérisme relationnel fait que nous nous retrouvons souvent dans une situation vulnérable. Le couple semble être le seul refuge possible dans une société patriarcale, capitaliste et agressive, spécialement pour les personnes traversées par la violence structurelle [3]. Souvent, ce fait est signalé, mais le manque de préoccupation et de soin en dehors du couple (ou de certain type de relations ou de hiérarchies) y est oublié. Il n’est pas considéré comme un des problèmes importants, laissant ainsi la porte ouverte à la reproduction du même modèle de couple, présenté comme la « solution » à tous les maux.

Rompre avec la monogamie ne devrait pas « seulement » vouloir dire : rompre avec une pensée qui ne nous autorise pas à avoir plus d’un « couple » ou à avoir des relations sexuelles avec d’autres. Cela ne devrait pas, non plus, « seulement » impliquer comment le faire, sans nous faire mal entre couples ou partenaires sexuelles. Selon moi, rompre avec la monogamie, c’est aller jusqu’à la racine du problème : c’est rompre avec cette hiérarchie constante, l’objectivation qui efface les liens, le prendre soin de l’autre et les engagements, tout comme les violences ou la maltraitance. À mon sens, rompre avec la monogamie veut dire apprendre à être plus conscientes des « autres » : de toutes les personnes avec qui nous sommes en lien, mais également celles qui le sont avec nos relations. Nous avons toutes le droit d’être reconnues, d’avoir de l’affection, des soins et pouvoir « être ».

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Traduction de l’illustration de l’article :

* Salut : je suis une C.

  • Je ne peux pas définir la relation
  • Je n’ai pas de voix
  • Je n’ai pas d’opinions, ni de souhaits, ni de besoins ou de volonté.
  • Ma relation n’est pas reconnue
  • Je ne peux pas participer aux processus de prise de décision sur les aspects qui me concernent
  • Je suis invisibilisée.

[1] Comme il est d’usage dans les milieux non monogames féministes en Espagne, l’autrice de cet article utilise le féminin de manière générique, c’est-à-dire qu’il s’adresse à tout le monde. NDT

[2] Trio ou trouple, par exemple. NDT

[3] « …ce concept est apparu dans les écrits scientifiques pour la première fois en 1969 dans la théorie de la paix élaborée par Johan Galtung. Cette théorie présente la violence comme l’écart entre une situation réelle et une situation potentielle, où les besoins de certains groupes ne sont pas comblés, alors que les ressources sont présentes de façon suffisante pour les satisfaire » in Analyser la violence structurelle faite aux femmes à partir d’une perspective féministe intersectionnelle de Catherine Flynn, Dominique Damant et Jeanne Bernard. NDT https://www.erudit.org/fr/revues/nps/2014-v26-n2–nps01770/1029260ar.pdf 

De la nécessité et de l’utilité de l’existence et de l’application de protocoles féministes contre les agressions. Témoignage. Elisende Coladan

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Traduction: « Nous sommes en train de construire des espaces féministes ».        Assemblea de Dones Feministes de Gràcia

Début décembre, j’ai participé à la 2ème rencontre sur les non-monogamies des pays catalans : Eixams (« Essaims », en français). Comme je le dis souvent, les seuls espaces que je considère « safe » [1] que je connaisse, concernant les non-monogamies, sont ceux organisés par l’Eixams et par Amors Plurals, en Catalogne. Ce qui ne veut pas dire que toutes les toutes les personnes qui y participent sont « safe », mais que l’espace l’est, parce que l’équipe organisatrice fait tout pour que cela soit ainsi. Je constate, dans la société catalane, une prise de conscience et des actions féministes efficaces, qui existent depuis bien plus longtemps qu’en France.

Lors de cette rencontre, différents ateliers, groupes de parole ou présentations, « Qui portent sur un des 4 axes principaux d’Eixams [2] sont proposés sous la forme d’un tableau horaire, sur les trois jours, à compléter par qui souhaite prendre en charge une activité. L’organisation se réserve le droit de superviser le contenu des activités afin d’assurer leur conformité aux principes éthiques et aux objectifs de l’événement.

Sur la plage web de l’événement, l’organisation [3] publie un code de conduite que tout le monde doit lire et approuver avant de s’inscrire, qui est affiché pendant tout le temps de l’événement et auquel on se rapporte dès qu’il y a un dysfonctionnement. J’ai été témoin de comment, à plusieurs reprises, des membres de l’équipe organisatrice intervenaient pour rappeler certains aspects du code de conduite qui n’étaient pas respectés, comme, par exemple, le fait de prendre des photos sans consentement préalable.

La veille du dernier jour, j’ai été victime d’une agression verbale, et également témoin de comment celle-ci a été gérée par l’équipe organisatrice et de combien cela m’a été psychologiquement extrêmement bénéfique. Je voulais partager mon expérience, parce que suite mon intervention lors de la 2e conférence sur les non-monogamies à Vienne, des personnes m’ont approchée ou m’ont écrit pour me demander des conseils pour rendre ces relations et ces espaces libres de violences.

L’agression verbale :

Dès le premier jour de l’évènement, sur le tableau horaire, j’avais proposé une activité non mixte, intitulée « thérapie féministe » et portant sur les violences faites aux femmes, qui devait avoir lieu le dernier jour.

Le soir de la veille dudit évènement, alors que je me reposais sur mon lit, dans une chambre partagée avec 5 autres personnes, vers 22h30, un couple qui dormait dans la même chambre est arrivé, parlant fort, et a commencé à m’interpeler au sujet de mon activité du lendemain, me reprochant le fait qu’elle soit non mixte et me demandant si j’étais informée du fait que les hommes aussi pouvaient subir des violences de la part d’une femme. Il s’en est suivi une discussion où j’ai présenté le plus calmement possible les raisons pour lesquelles l’activité était non mixte, que la décision avait été prise en accord avec l’organisation et indiqué que j’étais parfaitement au courant que les hommes pouvaient eux aussi être victimes d’agressions. Je passerai sur les détails de l’échange verbal, mais cela m’a secouée, car je ne m’y attendais pas en ce lieu, que je pensais sécure. L’homme est parti excédé, la femme est restée et j’ai pu lui dire clairement [4] que :

  • Ils avaient envahi mon espace personnel.
  • Je me sentais agressée par leurs propos.
  • Je me reposais à leur arrivée et j’en avais vraiment besoin, donc je lui demandais de quitter la chambre.

Puis je suis restée assez bouleversée par ce que je venais de vivre, à essayer de comprendre ce qui s’était passé, quand j’ai entendu la voix d’une des organisatrices dans le couloir et je suis sortie pour lui dire que j’avais besoin de lui parler.

Écoute et prise en charge :

Après m’avoir écoutée, elle a tout de suite réagi en posant des mots qui m’ont fait beaucoup de bien : « C’est grave. Il s’agit d’une agression verbale, qui rompt avec le code de conduite et va à l’encontre d’un espace féministe où le fait de réaliser une activité non mixte ne doit pas être remis en cause ». Propos suivis immédiatement d’une question : « De quoi as-tu besoin ? » et de proposition concrètes : « Est-ce que tu veux aller te reposer ailleurs ? Tu veux choisir quelqu’un pour te tenir compagnie pendant que je présente ce qu’il vient de se passer à l’équipe organisatrice ? On va ensuite prendre des décisions, dont tu seras, bien sûr, informée, et sur lesquelles tu pourras donner, à tout moment, ton avis.».

Une amie est donc venue me rejoindre dans la chambre et, environ une demi-heure après, j’ai été appelée par l’équipe organisatrice. Ensemble nous avons décidé que deux femmes de l’organisation iraient parler avec le couple, pendant que je restais à l’écart, dans un espace inaccessible pour eux, accompagnée de deux amies, et que ces femmes allaient les informer que :

  • Ils avaient commis une agression verbale qui rompait avec le code de conduite.
  • Pour ma tranquillité, ils devaient aller dormir dans une autre chambre, éloignée de la mienne.
  • Qu’ils ne pouvaient pas aller dans les espaces communs proches de ma chambre, ni être à ma table dans le réfectoire, ni participer aux mêmes activités que moi ou à celles que j’organiserai.
  • Qu’une décision serait prise le lendemain sur le fait qu’ils pourraient continuer à participer ou pas aux rencontres organisées par l’Eixams.

Le couple, qui étaient venu en voiture, a finalement pris la décision de partir à 1 heure du matin.

Le lendemain, lors de l’activité de clôture de la rencontre, l’équipe organisatrice a expliqué la situation à l’ensemble de personnes présentes, a donné les noms des agresseur.e.s et également mon nom, cela à ma demande, car ils m’avaient proposé de ne pas le donner si tel avait été mon souhait. Il a été spécifié que leur participation à d’autre événements n’allait plus être possible.

Bénéfices psychologiques :

Grâce à cette prise en charge, qui m’a semblé en tout point exemplaire et que je n’avais jamais vécue auparavant, je me suis immédiatement sentie bien et en sécurité. J’ai pu rapidement exprimer ce que j’avais vécu et ressenti, non seulement à une personne de l’organisation, mais également à une amie proche et j’ai été non seulement crue, mais mes propos ont été validés par des mots justes et réconfortants, ainsi que par des actions rapides et efficaces.

La situation a été prise en charge par des personnes compétentes, sans que je doive m’occuper de quoi que ce soit et mon avis a été en tout temps sollicité et pris en compte.

L’ensemble des participant.e.s a été mis au courant et a connu le nom des personnes impliquées.

Contrairement à d’autres agressions que j’ai pu subir dans mon existence, cette prise en charge remarquable a fait que je n’ai pas été mentalement envahie par des questionnements, des doutes, des remises en question, des ruminations, des angoisses, des peurs, de la culpabilité ou autres mécanismes qui se mettent en place en cas de violences.

Nécessité de chartes, de codes de conduites et de protocoles féministes :

Tout cela n’a été possible que parce que toutes les personnes de l’équipe organisatrice avaient un positionnement clair et homogène, grâce à l’existence de textes écrits et de stratégies déjà mises à l’épreuve dans d’autres contextes. Elles m’ont expliqué qu’elles s’étaient inspirées de protocoles féministes déjà existants pour en rédiger un pour l’évènement.

J’ai été ainsi informée du fait qu’il existe depuis quelques années, en Catalogne, des protocoles féministes mis en place lors d’évènements comme des manifestations mais également des fêtes populaires. Que toutes les municipalités catalanes ont une Commission des Droits Humains et de l’Égalité des sexes, dirigée par une conseillère, que la plupart d’entre elles ont un plan local de lutte contre les violences de genre et certaines ont mis en place un protocole féministe pour lutter contre les violences faites aux femmes.

J’ai donc fait une recherche sur Internet au sujet de ces plans de lutte et protocoles qui feront l’objet d’un autre article sur ce blog et qui pourront être repris afin qu’ici en France, les espaces mixtes soient sécures et que toute agression soit immédiatement prise en charge de manière compétente et efficace.

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[1] Quitte à ce que mes propos déplaisent, mais ils n’engagent que moi, je tiens à préciser qu’aucun espace poly ou non monogame, en France, auquel j’ai participé  (ni, à priori, ceux dont on m’a parlé), ne m’a paru être réellement « safe ». Je parle également de ceux que j’ai essayé d’organiser de manière la plus « safe » possible, pendant deux ans, avec force chartes et précautions. Malgré toute ma prudence et toute ma vigilance, je sais qu’il y a eu des personnes qui y ont participé dans d’autres intentions que d’échanger des propos et des questionnements personnels sur les relations non monogames consensuelles, et j’ai eu à faire à des prises de parole problématiques ou invasives et certaines interventions agressives, très difficiles à gérer toute seule. Il y a eu aussi la participation clandestine d’une apprentie journaliste qui a publié par la suite un article, soi-disant satirique, sur le sujet. C’est la raison pour laquelle j’ai arrêté d’organiser des groupes de parole à la fin de cette année. C’est également pour cela que je vais (re)commencer à organiser des groupes non mixtes, en 2018, pour ma tranquillité personnelle et celles des participantes, comme je l’avais fait initialement avec un filtrage, une charte encore plus précise et un protocole féministe inspiré de ceux mis en place par les catalanes.

[2] Traduction de la présentation des 4 axes, sur la page d’accueil de l’événement (tout est rédigé au féminin, comme j’ai pu l’observer dans bien des espaces féministes catalans, même mixtes) :

Axe thématique principal : La diversité affective sous ses diverses formes, entendue dans le cadre des non-monogamies éthiques, ainsi que de ses pratiques et ses activismes.

Axe féministe : Eixams est un événement qui s’inscrit dans une perspective intersectionnelle qui met l’accent sur les luttes féministes, antipatriarcales et LGBTI+. Nous proposons de faciliter une place d’apprentissage pour comprendre les privilèges de classe, de genre, d’orientation et d’identité sexuelle, de migration, d’ethnie et autres. Nous tenons à ce que cet espace soit le plus sûr possible pour toutes les participantes et il en va de la responsabilité de toutes. Nous nous basons sur la compréhension et la pratique active du concept de consentement de la part de de chaque personne qui y participe et, par conséquent, nous avons élaboré un code de conduite que toutes les participantes doivent explicitement respecter.

Axe de la langue et du territoire : Eixams a comme cadre de référence territoriale les Pays Catalans. Dans de cet axe le but est double : renforcer la langue catalane et faire apparaitre les non-monogamies sur la carte des activismes du territoire.

Axe économico-social : Eixams est un espace anticapitaliste et écologiste, tout particulièrement sur les questions de de la recherche de formes d’organisation économiques, sociales et familiales alternatives à celles imposées par l’économie actuelle, et la recherche de formes de consommation respectueuses.

[3] Composée cette année de trois femmes et deux hommes.

[4] J’ai utilisé la technique des trois phrases apprise pendant deux formations d’auto-défense féministe, la première avec l’association Garance à Bruxelles et l’autre avec l’association Loreleï à Paris. Elle consiste à s’exprimer trois phrases courtes et précises :

  • 1re phrase : décrire le comportement dérangeant
  • 2e phrase : décrire le sentiment que ce comportement provoque chez nous
  • 3e phrase : faire une demande concrète

Livre sur l’auto-défense féministe : NON C’EST NON — Petit manuel d’autodéfense à l’usage de toutes les femmes qui en ont marre de se faire emmerder sans rien dire.

La jalousie dans les relations alternatives à la monogamie. Elisende Coladan

Traducció al català sota l’article en francès

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La jalousie est un thème récurrent lorsqu’il s’agit de relations sexo-affectives[1]. En ce qui concerne les relations monogames, elle est considérée comme faisant partie des relations amoureuses, notamment romantiques. Elle en est même souvent vue comme un corollaire. Il y a cette idée que « si on n’est pas jaloux, on n’aime pas vraiment ». Tout cela s’accompagne de son lot de souffrance, de malaises, de non-dits et de secrets, avec des infidélités[2] et l’adultère[3]. La jalousie répond à ce pan de la pensée monogame qui affirme que l’autre vient nous compléter, combler des vides, répondre à des attentes, satisfaire des besoins (affectifs, sexuels, économiques ou autres) et où il n’y aurait besoin de personne d’autre que cet alter ego, cette moitié, cette « âme sœur », cette « flamme jumelle », qui nous comprendrait sans besoin de parler, qui irait jusqu’à devancer nos désirs.

Même si nous vivons des relations non monogames, n’oublions pas que tout notre environnement se base sur ce type d’idées, qui se retrouvent un peu partout dans les publicités, les films, les séries, les romans, les articles sur les relations amoureuses et/ou sexuelles et même dans nos institutions [4]. Vu ce contexte, la jalousie nous semble incongrue puisque nous voulons vivre des relations plurielles égalitaires, dans le dialogue, l’échange et dans la bienveillance alors que  nous ressentons différents sentiments qui peuvent s’apparenter à la jalousie.  

Celle-ci peut apparaître de différentes manières, que j’illustre ici avec quelques exemples :

  • La culpabilité : Qu’est-ce que j’ai fait pour que l’autre veuille être/passer plus de temps avec quelqu’un d’autre que moi ?
  • La douleur : Le.la savoir avec une autre personne me fait du mal et, par conséquent, je souffre.
  • L’insécurité : Savoir l’autre avec quelqu’un.e fait que je ne me sens pas en sécurité dans la relation. J’ai peur qu’il.elle me quitte.
  • La peur de l’abandon : Cette sensation que lorsque l’autre part (ailleurs/chez quelqu’un.e) en me laissant seul.e, j’ai peur qu’il.le me quitte.  Que ce soit une heure, une journée cela amène une impression d’abandon définitif.
  • Les demandes excessives : Je voudrais que l’on passe encore plus de temps ensemble, alors que je sais que c’est compliqué/difficile pour l’autre.
  • Le doute, la suspicion : Je n’arrive pas à faire confiance, je souhaite tout savoir en détail.
  • La négation : Je ne veux rien savoir, pour ne pas souffrir, parce que si je m’informe, la souffrance est importante. Ce qui peut être une forme de fuite : ne rien savoir plutôt que d’affronter une réalité qui « dérange » et travailler sur ce qui se passe pour la vivre le mieux possible.
  • L’insécurité : Je ne suis pas suffisamment intelligent.e/joli.e/ intéressant.e, pour que cette personne ne veuille être qu’avec moi et du coup n’aille pas voir ailleurs.
  • La honte : Je ne devrais pas éprouver de jalousie puisque je suis dans des relations non monogames, donc je m’empêche de l’exprimer.
  • La déstabilisation : Je sens que l’autre change quand il a une nouvelle relation et cela me demande à chaque fois un temps d’adaptation plus ou moins long, plus ou moins difficile à gérer au niveau des émotions.

et bien d’autres…

Mais, justement, s’agit-il réellement de jalousie ? Et, au fait, qu’appelle-t-on « jalousie » ? Sous ce mot, il y a différents éléments que l’on regroupe sous « le parapluie » de la jalousie et qui n’en sont pas forcément. Je vais en donner quelques exemples. Seule la première définition correspond à la jalousie.

« Jalousie », terme générique :

La jalousie : un désir exclusif de possession de l’autre, ainsi que de son affection et de son temps. Dans ce sens, toute personne (ou action, ou chose : un sport, un travail, etc) qui prend de la place dans une relation, ou qui est suspectée de le faire, provoque un mal-être.

Autres aspects considérés comme de la jalousie :

  1. L’envie : un désir de possession matérielle ou physique. C’est-à-dire, vouloir posséder ce que l’autre personne a et partage. Par exemple, une personne ne va jamais dans certains lieux, ou ne partage pas certaines activités avec nous, mais avec d’autres/un.e autre.
  2. Le mensonge, la trahison, la dissimulation : avoir une nécessité de savoir ce qui passe, ce qui arrive, d’une clarté, de dialoguer car il y a l’intuition que quelque chose n’est pas dit. Le cas le plus fréquent étant donc les relations cachées, secrètes, ou non explicitées (il.elle dit que c’est un.e ami.e mais la relation est aussi sexuelle, ou bien, il.elle dit qu’ils.elles sont allé.e.s au cinéma et en fait ils.elles étaient chez lui.elle…)
  3. Vouloir protéger, « sauver », prendre soin de l’autre personne et essayer de lui éviter les relations que nous jugeons potentiellement ou réellement nuisibles pour elle, son environnement (ses enfants), pour elle ou pour nous-mêmes.
  4. Des attentes non abouties : par exemple, vouloir voir très souvent quelqu’un.e qui ne le peut pas ou ne le souhaite pas, que ce soit pour des raisons de travail, de besoin d’espace pour elle.lui ou de solitude, d’avoir d’autres relations sexo-affectives, de passer du temps avec d’autres personnes quelles qu’elles soient.

Et puis, il peut y avoir toute sorte de situations qui peuvent être interprétées comme de la jalousie et qui n’en sont pas forcément. Par exemple, avoir besoin dans certains espaces nouveaux d’être rassuré.e par la présence de notre partenaire et vivre mal de se retrouver seul.e à ce moment-là, alors que lui.elle communique facilement avec de nouvelles personnes[5].

Dans toutes ces situations il y a une notion transversale qui est celle du « droit de regard » (cf article de Pere Picornell https://nonmonogamie.wordpress.com/2016/09/08/le-droit-de-regard-la-potestat-pere-picornell-amors-plurals/). Pourquoi, par le seul fait d’être en relation sexuelle et/ou affective, nous nous octroyons le droit de savoir ce que l’autre fait, avec qui il.elle est, où il.elle est ou va… alors que cela fait partie de la liberté individuelle de chaque personne de pouvoir disposer de son temps, de rencontrer qui elle souhaite et de circuler librement ? Pourquoi, par le seul fait d’être en relation avec quelqu’un.e nous devrions connaître tous ses faits et gestes, donner notre avis sur ce qu’il.elle fait ou pas, établir des contrats avec des limites et/ou des restrictions ?

Comment arriver à résoudre ces conflits :

Déjà, il me semble important d’arriver à déterminer où nous nous situons, dans les différentes formes d’expression présentées ci-dessus, de ce qui est communément compris comme « jalousie ». Tout comme en reconnaître les expressions. Les identifier est déjà un premier pas pour pouvoir les gérer et vivre les relations plurielles sans (trop) en souffrir.[6]

Ce n’est qu’ensuite qu’il est possible de travailler sur ce qui les provoque. Dans ma pratique, lors des consultations, je travaille souvent avec une perspective intergénérationnelle (générations vivantes) et transgénérationnelle. Je peux l’expliquer de la façon suivante : lors d’une problématique présentée, des secrets, des non-dits ou des répétitions apparaissent. Par exemple, une arrière-grand-mère née d’un adultère qui a toujours été caché, parfois accompagné d’un sentiment d’injustice parce que la mère a dû élever l’enfant toute seule et a été rejetée par la société, ou épouser quelqu’un dont elle ne voulait pas pour qu’il reconnaisse l’enfant, ou avorter pour cacher la grossesse…) Autre possibilité : un.e ancêtre qui a souffert des nombreuses « relations cachées » de son/sa conjoint.e.
L’une ou l’autre de ces situations peuvent se retrouver chez une personne vivant très mal la ou les relation.s de son.sa partenaire, alors qu’en théorie, elle vit et souhaite vivre des relations non-monogames. Elle en souffrira, pourra être sujette à une profonde tristesse, une grande insécurité, un sentiment d’abandon, des peurs irraisonnées, voire des problèmes alimentaires, d’alcoolisme ou d’autres addictions destructrices, qui ne sont qu’autant de manière d’exprimer les ressentis enfouis. Comprendre cela peut permettre de travailler ses propres ressentis lorsqu’une nouvelle relation arrive dans une configuration non monogame, et de les dépasser.

D’autres fois, il n’est pas nécessaire d’aller aussi loin. Reconnaître puis s’interroger sur l’origine de nos expressions de jalousie peut permettre d’accéder à ce qui a pu se passer lors de l’enfance, ou dans des relations antérieures, et ainsi mieux comprendre nos ressentis.

En tout état de cause, ne pas voir la jalousie comme un tout, mais en comprendre les différentes manifestations et expressions, peut déjà apporter un début de compréhension et des pistes pour la travailler. Le dialogue et l’échange entre partenaires, ainsi que l’accueil de ses propres émotions et de celles des autres personnes dans la relation, sont également d’excellentes approches pour arriver à la gérer. Tout comme déconstruire les schémas présents dans notre société, notamment à travers les médias et les productions culturelles, telles que les romans, les films, les pièces de théâtre et autres, qui veulent qu’amour et jalousie aillent de pair.

Pour finir, ne pas oublier que la jalousie peut être utilisée comme un véritable instrument de contrôle sur l’autre (surveiller ses faits et gestes, son emploi du temps, son téléphone, son ordinateur…) et, dans ce cas, il s’agit d’une forme réelle de violence psychologique et très souvent, machiste.

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[1] J’utilise le terme « relations sexo-affectives » de préférence aux adjectifs « sexuelles », « amoureuses » ou « amicales ». Je considère que les relations peuvent être tout cela à la fois, ou juste une des composantes selon les personnes ou les moments.

[2] « Manque de fidélité, de respect à un engagement. » Larousse http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/

[3] « Violation du devoir de fidélité entre époux. » Larousse http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/

[4] L’article 212 du Code civil rappelé par l’officier d’état civil lors de la célébration de chaque cérémonie de mariage prévoit expressément que « les époux se doivent mutuellement respect, fidélité, secours et assistance ».

[5] Ce qui est mon cas, probablement parce que je suis neuroatypique.

[6] Il me semble évident qu’une bonne communication avec nos partenaires est indispensable et doit être la base de toute relation.

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La gelosia en les relacions alternatives a la monogàmia.
Traducció de Jordi Oliva Papiol

La gelosia est un tema recurrent quan es tracta de relacions sexo-afectives[1]. Pel que fa a les relacions monògames, es considera que forma part de les relacions amoroses, sobretot romàntiques. Sovint inclús es veu com un corol·lari. Hi ha la idea que « si on ets gelós, no estimes de veritat ». Tot això s’acompanya de força patiment, de malifetes, de silencis i de secrets, amb infidelitats[2] i adulteris[3]. És un aspecte del pensament monògama en el que l’altre ve a completar-nos, omplir buits, correspondre a esperes, satisfer necessitats (afectives, sexuals, econòmiques o d’altres) i on no necessitarem ningú més fora d’aquest alter ego, aquesta mitat, aquesta « germana bessona », « aquesta flama compartida », que ens entendrà sense necessitat de parlar, que anirà inclús per davant dels nostres desitjos.
També si vivim relacions no-monògames, no oblidem que tot el nostre entorn es basa sobre aquest tipus de idees que es retroben una mica per tot arreu a la publicitat, als films, a les sèries, a les novel·les, als articles sobre les relacions amoroses i/o sexuals i dins les nostres institucions[4]. En aquest sentit, no es pas sorprenent que inclús si en teoria, la idea de gelosia podria semblar incongruent des del moment que desitgem viure relacions plurals igualitàries, amb diàleg, intercanvi i amb bona entesa, ens retrobem amb sentiments contradictoris, que se semblen força a la gelosia.
Cada situació pot tenir expressions múltiples, que mostro amb alguns exemples (en cursiva), que poden anar de :
• La culpabilitat : què és el que faig que fa que l’altra persona vulgui estar (o passar més temps) amb un altre que amb mi?
• El dolor : saber-la amb una altra persona em fa mal i per tant pateixo.
• La inseguretat : saber l’altre amb una altra persona em fa no sentir-me segur de la nostra relació. Tinc por que em deixi.
• La por a l’abandó : aquella sensació que l’altre pot marxar a un altre lloc i deixar-me sol/a.
• Les demandes excessives : voldria que passéssim més temps junts encara, malgrat que sé que es complicat/difícil per a l’altre.
• El dubte, la sospita : no acabo de tenir-li confiança, desitjo saber-ne els detalls.
• La negació : no vull saber-ne res, així no pateixo pas, perquè si m’informo, pateixo encara més. El que pot ser una forma de fugida: millor no saber res que afrontar una realitat que « molesta » i treballar sobre el que passa per viure el millor possible.
• La inseguretat : no sóc prou intel·ligent, alegre, interessant, perquè que aquesta persona no vulgui estar només amb mi i de cop vagi a veure d’altres.
• La vergonya : visc en relacions no-monògames, però sento gelosia, aleshores reprimeixo expressar-ho.
• La desestabilització : sento que l’altre canvia quan té una nova relació i això m’exigeix cada vegada un temps llarg, d’adaptació més o menys difícil per gestionar les emocions.
a moltes altres…
Però, de veritat, es tracta realment de la gelosia? I, de fet, què és la gelosia? Sota aquest mot, hi ha diferents elements que se’ls agrupa sota « el paraigües » de la gelosia i que no ho són pas necessàriament. En vull donar alguns exemples. Només la primera definició correspon a la gelosia.
Gelosia mot maleta :
La gelosia : un desig exclusiu de possessió de l’altre, tan del seu afecte com del seu temps. En aquest sentit, tota persona (o una acció, o una cosa: un esport, treball, etc) que s’immisceix en una relació, o que est sospitosa de fer-ho, provoca un malestar.
Altres aspectes considerats com a gelosia:

  1. L’enveja: un desig de possessió material o física. És a dir, voler posseir el que l’altra persona té i compartir-ho. Per exemple, una persona no va mai a certs llocs, o no comparteix algunes activitats amb nosaltres, però sí amb d’altres.
  2. La mentida, la traïció, la dissimulació : tenir una necessitat de saber el que passa, el que arriba, de claredat, de dialogar ja que hi ha la intuïció que alguna cosa no s’ha dit. El cas més freqüent es dóna en les relacions amagades, secretes, o no explicitades (ell/ella diu que és un/a amic/ga però la relació és també sexual o bé, ell/ella diu que ells/elles han anat al cine i de fet ells/elles estaven a casa d’ell/ella, …)
  3. Voler protegir, « salvar », cuidar de l’altra persona i tractar de evitar-li les relacions que jutgem potencialment o realment perjudicials per a ella, el seu entorn (els seus fills), per a ella o per a nosaltres mateixos.
  4. Desitjos desembocats: per exemple, voler veure molt sovint algú/na que no pot o no ho desitja, ja sigui per raons de treball, de necessitat d’espai per a ell/a o de solitud, de tenir d’altres relacions sexo-afectives, de passar temps amb d’altres persones siguin les que siguin.
    I després, pot haver-hi tota mena de situacions que poden ser interpretades com de gelosia i que no ho són necessàriament. Per exemple, tenir necessitat en certs espais nous de ser tranquil·litzats per la presència de la nostra parella i sentir-se malament de trobar-se sol/a en aquell moment allà, quan ell/ella es comuniquen fàcilment amb persones noves[5].
    En totes aquestes situacions hi ha un concepte transversal que és aquell del « dret de mirada » (cf article de Pere Picornell https://nonmonogamie.wordpress.com/…/le-droit-de-regard-la…/). Per què, pel sol fet d’estar en relació sexual i/o afectiva, ens atorguem el dret de saber el que l’altre fa, amb qui ell/ella està, on ell/ella és o va, …? Quan això forma part de la llibertat individual de cada persona, de poder disposar del seu temps, de retrobar-se amb qui desitja i de circular lliurement.
    Per què, pel sol fet d’estar en relació amb algú/na hauríem de conèixer tots els seus fets i gestos, supervisar tot el que ell/ella faci o deixi de fer, establir contractes amb límits i/o restriccions?
    Com arribar a resoldre aquests conflictes :
    Hores d’ara, em sembla important arribar a determinar on ens situem, en les diferents formes d’expressió presentades fins aquí, del que s’entén comunament com a gelosia. També com reconèixer les expressions. Identificar-les és ja un primer pas per poder-les gestionar i viure les relacions plurals sense patir-les (massa).[6]
    És aleshores que és possible de treballar sobre el que les provoca. En la meva experiència, a la meva consulta, treballo sovint amb una perspectiva intergeneracional (generacions vivents) i transgeneracional. Puc explicar-ho de la manera següent : en presentar una problemàtica, apareixen elements com secrets, silencis i repeticions. Par exemple, el fet d’una avantpassat-àvia nascuda d’un adulteri sempre ha estat amagat, a vegades acompanyat d’un sentiment d’injustícia (mare davant el seu creixement sola i essent rebutjada per la societat, mare havent de casar-se amb algú que ella no volia, perquè ell reconegués el fill, mare que avorta perquè això no se sàpiga …). Altra possibilitat : un/a avantpassat que a sofert nombroses « relacions amagades » de la seva parella. L’una o l’altra d’aquestes situacions poden trobar-se a casa d’una persona vivint molt malament la – o les altres – relació/ons de la seva parella, quan en teoria, ella viu i desitja el mateix, viure bé, amb relacions non-monògames. Ella ho patirà, podrà estar subjecta a una profunda tristesa, una gran inseguretat, un sentiment d’abandó, pors irracionals, tenir problemes alimentaris, d’alcoholisme o altres addicions destructives, qui no són altra forma d’expressar els ressentiments soterrats. Comprendre això pot permetre treballar els seus propis ressentiments quan una nova relació arriba dins d’una configuració non-monògama i sortir-se’n.
    D’altra banda, no és necessari anar tan lluny. El reconeixement, després d’interrogar-se sobre l’origen, de les nostres expressions de gelosia pot permetre accedir a allò que ha pogut passar a la infància, o a les relacions anteriors, i així comprendre millor els nostres ressentiments.
    En qualsevol cas, no veure la gelosia com a un tot, però entenent les diferents manifestacions i expressions, pot ja aportar un principi de comprensió i pistes per treballar-la. El diàleg i l’intercanvi a la parella, així com l’acolliment de les pròpies emocions i les d’altres persones en la relació, són igualment aproximacions excel·lents per arribar a gestionar-la. Tant com desconstruir els esquemes presents a la nostra societat, sobretot a través dels medis i les produccions culturals, com les novel·les, els films, les obres de teatre et d’altres, que volen que l’amor i la gelosia vagin de la mà.
    Per acabar, no oblidar que la gelosia pot ser utilitzada com un veritable instrument de control sobre l’altre (supervisar els seus fets i gestos, l’ús del seu temps, el seu telèfon, el seu ordinador …) i en aquest cas, es tracta d’una forma real de violència psicològica.

[1] Utilitzo el terme « relació sexo-afectiva » de preferència als adjectius « sexuals » o « amorosos » o « amicals ». Considero que les relacions poden ser tot això alhora, o solament un dels components segons les persones o els moments.
[2] Manca de fidelitat, de respecte a un compromís. Larousse http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/
[3] Violació del deure de fidelitat entre els casats. Larousse http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/
[4] L’article 212 del Codi civil, recordat per l’oficial d’estat civil a l’hora de la celebració de cada cerimònia de casament, preveu expressament que « els esposos es deuen mútuament respecte, fidelitat, ajut i assistència ».
[5] El que és el meu cas, probablement perquè sóc neuroatípica.
[6] Em sembla evident que una bona comunicació amb las nostres relacions és indispensable i ha de ser la base de tota relació.


La maltraitance psychologique, la manipulation, dans les relations LGBT, BDSM, libertines et le polyamour … (2) Golfxs con principios.

William Henry Bradley « When hearts are trumps by Tom Hall » 1894, MNAC, Barcelone20150909_132206-800x440

Hier, c’était le 25 novembre, Journée Internationale contre les Violences faite aux Femmes. Je n’ai pas pu finir la traduction de cet article à temps, c’est pour cela que je ne le publie qu’aujourd’hui.

Le 20 janvier prochain, je vais animer un espace de parole sur le thème : « Maltraitance, manipulation, abus et violences (physiques et psychologiques) dans les relations alternatives à la monogamie hétéronormative». En cherchant de l’information concernant plus particulièrement les milieux polyamoureux, j’ai trouvé cet article du blog Golfxs, dont j’avais déjà publié un article [1]. Il s’agit de la deuxième partie du résumé d’une conférence de 2014 pour un public vivant des relations sexuelles et affectives alternatives . Quand cela m’a paru nécessaire, j’ai complété le propos dans des notes de bas de page.

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golfxsconprincipios.com/lamoscacojonera/el-maltrato-psicologico-la-manipulacion-tambien-en-relaciones-lgtb-bdsm-swinger-poliamor2/(30/09/2014)

Traduction : Elisende Coladan 

Pour Golfxs con principios [2], la maltraitance, qu’elle soit physique ou psychologique, est un sujet qui mérite toute notre attention. Encore plus lorsqu’il s’agit de celle qui a lieu dans les relations non conventionnelles. Car, à l’intérieur de ces identités, pratiques ou relations non conventionnelles, il existe toute une série de facteurs qui peuvent faciliter les situations de maltraitance.

C’est pour cette raison que, dimanche dernier, nous avons invité Marina, psychiatre spécialisée en Diversité Sexuelle et de Genre, à venir nous parler concrètement de ce thème. Nous avons publié (hier) une première partie [3] de son intervention dans laquelle elle expliquait les mécanismes qui rendent possible ces abus (la persuasion coercitive), identifiés initialement chez les prisonniers de guerre, puis appliqués à l’analyse des relations hétérosexuelles monogames.

Voici un résumé (de la suite) de la présentation de Marina, concernant les relations non conventionnelles :

Facteurs qui facilitent la violence psychologique dans des relations non conventionnelles (LGBT, BDSM, libertinage, polyamour…)

C’est compliqué de trouver des informations sur la violence psychologique dans ce type de relations. Dans le cas des relations BDSM, on en trouve surtout sur la différence entre BDSM et maltraitance, mais pas sur le BDSM qui masque la maltraitance. Et il existe encore peu d’informations à ce sujet, en ce qui concerne le polyamour.

Il est pourtant important de l’analyser dans ce type de relations car il y a des facteurs qui y facilitent la maltraitance :

1 — Quand la personne qui agresse/maltraite est depuis longtemps dans le milieu et/ou a un rôle de mentor

Ex. :« Tu sais bien que les relations lesbiennes/gays/BDSM/ouvertes/polyamoureuses/libertines… sont comme ça. »

2 — La notion de secret. La situation empire lorsque la victime ne peut pas expliquer à son thérapeute, son médecin, ou son centre médico-psycho-pédagogique (CMPP) qu’il s’agit d’une relation BDSM ou ouverte (car ce sont des relations « mal vues »), ce qui fait que le silence est encore plus grand. La victime peut hésiter à demander de l’aide par peur de devoir expliquer la nature de la relation à des personnes qui ne la comprendront peut-être pas.

Ex. : « J’avais accepté d’avoir des relations en public et de choisir avec qui j’aurai du sexe, mais pas que ce soit six personnes en même temps et que mon NON ne soit pas respecté. »

3 — Lorsque la personne qui agresse/maltraite crée un sentiment de culpabilité en disqualifiant l’autre en lui disant qu’elle.il est trop mijauré.e, pas assez transgresseuse.eur, homophobe ou transphobe. Dans le cadre de relations non conventionnelles, l’accusation de normalité peut aussi être utilisée à cette finalité, et à celle d’outrepasser les limites de l’autre.

Ex. : « Tu n’es pas une personne aussi ouverte que tu dis l’être. »

4 — Dans les relations LGBT, il a été démontré que les personnes qui ont subi des expériences de harcèlement scolaire, de bullying, de transphobie, d’homophobie sans pouvoir s’en défendre ont plus de probabilité de se retrouver dans une situation de maltraitance psychologique. Il s’agit donc d’un facteur de vulnérabilité ajouté.

5 — La vulnérabilité liée au fait de ne pas être sorti.e du placard . Si la personne qui agresse a fait son coming out mais pas l’agressée, il lui est possible de la menacer de l’outer aupès de sa famille de le dire, de parler avec sa famille, ses collègues, ses ami.e.s et leur expliquer quel est le type de relations ou de pratiques qu’elle a.

6 — Dans les relations non conventionnelles, le fait que la personne ne se perçoive pas comme une victime, ou ne soit pas perçue ainsi par son entourage, est un facteur en plus. Ou bien encore, qu’elle ne souhaite surtout pas être considérée comme une victime car cela porterait atteinte à son estime de soi de devoir admettre qu’elle a été ou qu’elle en relation avec une personne agresseuse ou parce qu’elle n’arrive plus à y voir clair, à savoir où elle en est.

Pour tous les cas présentés, il faut bien tenir compte qu’une situation isolée, par exemple que l’on soit accusé.e de transphobie, ne veut pas dire qu’il s’agit d’une situation d’abus ou de maltraitance. En réalité, Il faut voir la maltraitance comme un processus, comme un ensemble d’actions et d’attitudes qui se répètent systématiquement.

Il ne s’agit pas de se concentrer sur ce que fait ou ne fait pas l’agresseuse.re, mais surtout sur notre ressenti. Par exemple, si on a peur ou se sent coupable , si on a l’impression d’avoir tout le temps à « marcher sur des œufs », si un rien ne le.la met en colère…

Que peut-on faire depuis l’extérieur ?

Qu’est-il possible de faire, en tant que tierce personne, alors que nous sommes en dehors de cette relation de maltraitance, pour aider une personne que nous pensons être victime de violence psychologique ?

1 — Être présent.e. C’est bien plus fatigant que ce que l’on imagine au premier abord. Avoir envie d’arracher de force la personne d’une relation abusive qu’elle est en train de vivre ne servirait pas à grand-chose. Rester à ses côtés, la sortir de son isolement en lui permettant de penser à autre chose, faire des activités agréables ensemble, comme aller au cinéma, lui proposer des lectures, des vidéos, de rencontrer des personnes ayant eu ce même vécu et en sont sorties [4], est bien plus utile…

2 — S’il.elle est en train de vivre une période violente, il peut y avoir une possibilité qu’il.elle réalise sa situation si on lui montre comment agit son.sa partenaire. Mais s’il.elle dans une période de ENR[1] ou passionnelle, il.elle ne pourra pas le voir ou trouvera des excuses aux comportements de maltraitance, ce qui risque de le.la contrarier et conduire à son éloignement, et donc à son isolement[2].

3 — Faire en sorte que le cercle autour de la personne agressée soit agréable, l’amener dans des environnements accueillants et bienveillants, qui peuvent l’aider à améliorer son estime de soi et prendre des forces pour s’en sortir.

Pour finir, il est important de rappeler que :

  • Absolument tout le monde peut être victime de maltraitance psychologique, entrer dans des relations toxiques, souffrir de violence psychologique. Ce n’est pas propre à un type de personnalité donné, ni à une situation concrète, ni à des niveaux d’instruction. Cela peut vraiment arriver à n’importe lequel/laquelle d’entre nous.

Ex. : On entend souvent « comment cela a pu m’arriver alors que je suis une personne indépendante, que je me considère comme une personne sensée, j’ai fait des études universitaires ? »

  • La personne qui agresse dit TOUJOURS, « je vais changer», « je vais être quelqu’un de merveilleux », « je vais t’aimer plus que n’importe qui ». Les phases de regrets et de promesses font partie du cycle de violence [5].
  • Si la personne qui agresse s’en sort bien, si elle ne sent pas d’angoisse, si elle ne s’interroge pas sur son comportement, il n’y a pas de possibilités qu’elle change.
  • Il est habituel que les personnes maltraitantes ne voient pas qu’elles le sont. Elles disent que c’est l’autre qui les a provoquées, qui les a fait sortir de leurs gonds…
  • Il est possible qu’il y ait maltraitance psychologique également de la part d’une personne soumise.

Ex. : « Si tu pars, je me tue. »

  • S’il y a un doute quant à savoir si on se trouve ou pas dans une situation de maltraitance, la question n’est PAS de se demander si l’autre nous maltraite ou pas, mais de se demander comment MOI je me sens, où j’en suis ? [6]
  • Il arrive que l’on dise d’une personne qui a un comportement abusif, que c’est une personne qui « a un fort caractère ».
  • La maltraitance psychologique, la violence psychologique, la persuasion coercitive, ce ne sont pas des querelles de couple. Il s’agit d’un processus lent, au compte-goutte, petit à petit. En sortir est également un processus qui prend du temps.
  • Au lieu de se centrer sur les agressions et comment les éviter, il est important de se centrer sur qui les commet, comment et pourquoi. En connaître les mécanismes afin d’éviter la maltraitance. [7]
  • Il est difficile de se rendre compte que l’on est victime d’une situation de violence psychologique (ou qu’il y a agression), si cela fait partie d’un comportement considéré comme « normal »[8]

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[1] https://nonmonogamie.wordpress.com/2016/07/18/le-syndrome-de-la-persone-polyamoureuse-parfaite-ppp-la-moscacojonera-in-golfxs-con-principios/

[2] http://www.golfxsconprincipios.com/quienes-somos/#quees

Présentation de Golfxs : Nous sommes un groupe de personnes qui apprécie le sexe non conventionnel entendu comme un loisir, comme manière de socialiser, de faire des rencontres. Dans le groupe, il y a des bisexuel.le.s, des fétichistes, des couples ouverts, des BDSM, des lesbiennes, des gays, des trans, des  queers, des polyamoureux, des libertins, etc… etc… Même des hétérosexuel.les ! Des personnes qui viennent d’arriver et d’autres qui sont ici depuis des années… Des amis depuis toujours, des personnes que nous venons de connaître… Beaucoup de variété. Nous ne croyons pas que l’on doive nous traiter comme si nos goûts étaient un problème médical, ni « nous éduquer » comme s’il y avait seulement une manière unique de faire les choses. N’importe quelle conduite sexuelle est digne d’estime, si elle est toujours pratiquée avec le consentement des personnes participantes et en arrivant à des accords de sexualité sûre, en partageant la philosophie du mouvement « sex positif ». Que le sexe nous plaise ne signifie pas que nous sommes monothématiques, ou que toute notre vie tourne uniquement autour de ça. Nous avons beaucoup d’autres facettes dans la vie, nous avons une famille et beaucoup d’autres centre intérêts, des professions des plus variées… Certain.e.s d’entre nous appartiennent à plusieurs de ces groupes et nous ne voulons pas forcément nous identifier à l’un d’eux, mais préférons prendre dans chacun ce qui nous convient le mieux ou nous fait envie. C’est pour cela que nous avons préféré de nous appeler « golfxs », au lieu des fétichistes, sadomaso, polyamoreux.euses, ou autre chose… Nous avons également en commun le fait que l’homophobie et le machisme nous gênent. Il y a des milliers d’espaces où cela n’importe pas autant qu’ici. Nous souhaitons un espace où cela est réellement pris en compte.

Traduction du texte « Qui nous sommes » du blog.

[1] NRE : L’énergie de nouvelle relation (ENR ou NRE en anglais)

[2] Idem si elle dans une situation d’emprise

[3] http://www.golfxsconprincipios.com/lamoscacojonera/xxxxxx/

[4] Ces trois derniers points sont un ajout de ma part, car je trouve que, si bien je suis d’accord sur le fait qu’arracher quelqu’un d’une situation abusive n’est pas facile et même contreproductif, l’amener progressivement à en prendre conscience est très utile, même si, dans un premier temps, la personne peut dire ne pas se sentir concernée. Dans ce sens, des apports/aides indirects comme des livres, des témoignages vidéo ou audio peuvent vraiment influer. Lui parler également de qui elle était, avant d’entrer dans une relation de maltraitance, peut l’amener à prendre conscience de combien elle a changé. (NDT)

[5] En fait, l’emprise psychologique passe par plusieurs phases :

  • Le repérage dans le groupe,
  • La séduction,
  • La prise de contrôle (par différents mécanismes), menant à la déstabilisation de la personne agressée, la faisant douter d’elle-même,
  • La culpabilisation, le sentiment de honte, la peur chez la victime,
  • L’isolement par rapport au groupe.

[6] On peut aussi poser ces questions à une personne que l’on soupçonne d’être en train de vivre une situation de violence psychologique. (NDT)

[7] Se poser la question également de ce que cela provoque en nous : reconnaître les moments de sidération, d’aliénation de soi, de déconnexion de la réalité et de dissociation. (NDT)

[8] Par exemple, par son éducation, son environnement social et/ou culturel, sa famille… (NDT)